L’abondante production littéraire des dernières années sur des sujets qui conjuguent préoccupations théologiques et créations artistiques témoigne d’un regain d’intérêt pour tout ce qui touche à la culture visuelle ; cette littérature foisonnante n’est toutefois pas forcément le signe d’une démarche véritablement scientifique, d’une clarté conceptuelle ou d’un respect des méthodologies les plus élémentaires concernant ces différentes disciplines. Nombre d’études cèdent en effet à la fascination de la forme et préfèrent, à la rigueur de l’analyse, la beauté des images. (…) À l’inverse, d’autres ouvrages spécifiquement iconographique cachent une carence sémantique derrière une érudition souvent gratuite et se concentrent presque exclusivement sur des questions techniques, comme les problèmes de datation ou de style. (…) Aussi faut-il saluer deux ouvrages qui tranchent en ce qu’ils reposent à la fois sur un dossier historique et iconographique sérieux, tout en abordant clairement la question du sens et de la spiritualité liée à ces images. Très différents l’un de l’autre, écrits par deux historiens – l’un français et catholique, l’autre protestant et italien – ces ouvrages témoignent en outre de cette curiosité iconographique qui caractérise de plus en plus non seulement les sciences humaines, mais également la recherche théologique, que ce soir au niveau de l’exégèse, de l’histoire, de la théologie systématique ou pratique, ou encore de l’éthique.

Marie-Christine SÉPIERE, L’image d’un Dieu souffrant. IX-Xe siècle. Aux origines du crucifix, Paris : Cerf, 1994. 25 cm. 275 p. dont 26 pl. couleur hors-texte et 60 pl. noir et blanc. ISBN 2-204-04606-X. FF 169.

Emido CAMPI, Michelangelo e Vittoria Colonna. Un dialogo artistico-teologico ispirato de Bernardino Ochino, Turin : Claudiana, 1994. 23 cm. 205 p. avec 28 ill. hors-texte. ISBN 88-7016-202-8. Lit 32 000.