Leçon d’ouverture de l’année universitaire 1995-1996 donnée à la Faculté de théologie protestante de Paris le 6 novembre 1995.
En discutant des problèmes de traduction d’un des versets du troisième chapitre de la Genèse, le grand penseur juif Franz Rosenzweig écrivait à son contradicteur et ami Martin Buber : « Est-ce que vous avez remarqué que, dans le récit de la « chute », la terminologie du péché n’est pas du tout présente, tandis que dans le récit de Caïn elle est pleinement développée ? »
C’est une observation remarquable. Mais que veut-elle dire ? Veut-elle dire qu’en effet, dans le récit qu’on a pendant des siècles appelé récit de la « chute », le problème de la « chute » est aussi peu présent que sa terminologie ? Cette observation indique-t-elle par conséquent que le récit de Gn 2/4b s ne parle pas du péché, mais d’autre chose ? Ou implique-t-elle au contraire l’indication — assez discrète — que l’on ne peut pas parler du péché comme on parle d’autre chose ? Implique-t-elle donc — justement dans la discrétion et la réserve contre une terminologie fixe — un intérêt particulier du péché et un « savoir » profond de ce qu’est sa « nature » ?
p. 361-377
Auteur
ASKANI Hans-Christoph
Hans-Christoph ASKANI est professeur honoraire de théologie systématique à la Faculté autonome de théologie protestante de l’Université de Genève.