L’article de Dan Jaffé analyse un récit aggadique issu du Talmud de Babylone (Qidushin 81b). Les clés interprétatives se veulent originales et interdisciplinaires. En effet, elles conjuguent approches textuelle, herméneutique, psychanalytique et anthropologique. Ce passage midrashique met en relation les concepts de désir et de transgression dans l’univers imaginaire et perturbé de son principal protagoniste Rav Hiya bar Ashi. Ce dernier repousse sa femme et n’entretient avec elle aucune relation conjugale mais succombe aux charmes d’une prostituée qui n’est autre que sa propre femme parée des charmes de la courtisane. La thèse principale de cette contribution réside dans le fait d’interpréter l’objet de la tentation par la nature même de l’interdit. La narration talmudique présente l’interdit en tant que désir qui ne peut laisser indifférent. En cela Rav Hiya bar Ashi représente le modèle archétypal de la faute par attirance sexuelle. Cette transgression qui s’avère être imaginaire problématise le récit et lui donne sa tragique dimension.
Dan Jaffé analyses an Aggadic text from the Babylonian Talmud (Qidushin 81b). The interpretative tools are both innovative and interdisciplinary. They combine textual, hermeneutical, psychoanalytic and anthropologic approaches. This midrashic passage relates the notions of desire and transgression in the imagination of its central character, Rav Hiya bar Ashi, who spurns his wife’s advances yet falls for the pretty face of a prostitute–who is no one else but his own wife dressed as a courtesan. The main proposal of this essay is to construe the object of temptation in the light of the very nature of the prohibition. The Talmudic narrative presents Rav Hiya bar Ashi as the typical model of sinning through sexual attraction and the imaginary transgression gives the tale its tragic feature while questioning the story’s issue.
p. 201-219