La mémoire est une grandeur régulièrement mobilisée dans la littérature pseudépigraphe du Nouveau Testament. Jean-Daniel Kaestli l’avait souligné dans une étude de 1993 désormais classique. Depuis lors, les biblistes ont néanmoins perçu le caractère heuristique des travaux conduits en sciences humaines et sociales sur la « mémoire collective » par Halbwachs et Assmann et en ont progressivement appliqué les théories et les méthodes à l’étude du christianisme des origines. Simon Butticaz en prolonge ici l’analyse, souhaitant montrer à l’appui de la Deuxième épître de Pierre, non seulement la manière dont est construite par le discours une mémoire apostolique dans la première moitié du IIe siècle, mais également sa fonction argumentative dans un contexte de communication troublé, ainsi que son rapport face à d’autres mémoires concurrentes des origines.
Memory is regularly mobilised in the pseudepigrapha of the New Testament, as Jean-Daniel Kaestli emphasised in a now classic study (1993). Since then, however, biblical scholars have perceived the heuristic nature of the works conducted in human and social sciences on the collective memory and have gradually applied these theories and methods to the study of the origins of Christianity. This is what we propose to develop in this article. Precisely: in the light of the second letter of Peter, we want to show not only how an apostolic memory is constructed through discourse in the first half of the 2nd century, but also its argumentative function in a troubled context of communication and its relations with other competing memories of the origins.
p. 685-701
Auteur
BUTTICAZ Simon
Simon BUTTICAZ est professeur ordinaire de Nouveau Testament et traditions chrétiennes anciennes à la Faculté de théologie et de sciences des religions et directeur de l'Institut romand des sciences bibliques (IRSB) à l'Université de Lausanne.