Les quatre contributions réunies dans ce dossier sont autant de variations autour de questions fondamentales soulevées par le chapitre 11 de l’Évangile de Jean : la vie, la mort, le deuil, la résurrection, mais aussi l’absence, l’incarnation, la finitude.
À l’origine de ce dialogue interdisciplinaire se trouve l’interrogation de l’exégète mis au défi d’interpréter le récit de la résurrection de Lazare : comment recevoir et traduire pour aujourd’hui, c’est-à-dire en contexte postmoderne, ce que le texte biblique met en scène, à savoir la résurrection d’un homme confronté à l’irréparable de la mort ? Cette lutte corps à corps avec le texte, à l’instar de celle de Jacob au gué de Jabbok (Gn 32, 24-32), mot à mot pourrait-on dire, est ensuite l’occasion d’une triple reprise. D’abord, celles d’un pasteur et d’un psychanalyste : il s’agit de faire résonner le texte sur le terrain, celui de l’accompagnement pastoral du deuil et celui du travail de l’écoute de l’analyste. À partir de leur expérience respective de la rencontre avec l’homme souffrant, l’un et l’autre interrogent le texte de l’Évangile en même temps que la lecture qui leur en est proposée. Ils ouvrent ainsi à d’autres possibilités d’écoute de ce récit spécifique à l’Évangile de Jean et de surcroît si particulier. La troisième reprise est celle d’un systématicien, qui prolonge le dialogue en direction d’une réflexion sur le transhumanisme : pour actuelle qu’elle soit, on découvre que cette analyse est enracinée dans un double questionnement déjà présent au cœur du récit de la résurrection de Lazare, celui de la finitude et de la limite.
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Auteur
CUVILLIER Élian
Élian CUVILLIER est directeur du Master professionnel en Théologie pratique à l'Institut protestant de théologie, Faculté de Montpellier, et membre du Centre de recherches interdisciplinaires en sciences humaines et sociales (CRISES - EA 4424).