L’histoire de la première évangélisation du Japon est celle d’un double malentendu, explique Jacques Proust. Les jésuites croyaient prêcher l’évangile ; ils prêchainet Aristote et le concile de Trente, ou du moins les conclusions qu’ils en avaient tirées. Les Japonais entendirent de leur côté, à tort ou à raison, que l’Europe catholique voulait les asservir. La persécution déclenchée par les premiers Tokugawa anéantit la jeune Église japonaise et le peu qu’il en resta fut coupé du monde pendant plus de deux siècles.
La persécution seule n’aurait sans doute pas suffi à éradiquer le christianisme du Japon, si la foi propagée par les jésuites avait eu des racines plus solides. En 1636, un jésuite portugais apostat met à nu, dans La Supercherie dévoilée, les fondements réels de la prédication et de la catéchèse romaines.
p. 183-206
Auteur
PROUST Jacques
Jacques PROUST (1926-2005), normalien, spécialiste de Dideot, il a été de 1963 à 1986, professeur de littérature française à la Faculté des Lettres de Montpellier, où il fonda le Centre d’étude du XVIIIe siècle.