Un certain nombre de pasteurs français souffrent aujourd’hui du sentiment que leur ministère ne bénéficie plus de l’autorité dont il bénéficiait hier. L’analyse de cette crise au regard des différents types de légitimation religieuse distingués par M. Weber fait apparaître, effectivement, une fragilisation des fondements traditionnels de l’autorité des pasteurs. Mais cette autorité traditionnelle était-elle en réelle congruence avec la bonne nouvelle d’un Dieu qui a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes ? Après avoir analysé les évolutions actuelles dans une perspective sociologique, Isabelle Grellier les interroge de façon plus théologique et pratique ; sa thèse est que, acceptée et assumée, cette fragilisation du ministère pastoral peut constituer une chance nouvelle pour l’Évangile justement parce qu’elle oblige le pasteur à renoncer à un idéal de perfection pour mieux apprendre à vivre de la grâce de Dieu.
Some pastors in France resent the fact that their ministry no longer enjoys the authority it had decades ago. This situation can be analysed, in Max Weber’s categories, as the result of a weakening of the traditional foundations of the authority claimed by Church ministers. But was this traditional authority really congruent with the Gospel of the God who « chose what the world considers weak in order to shame the powerful » ? After considering the present developments in sociological perspective, Isabelle Grellier critically reflects on these changes in a theological and practical way. Her thesis is that when the growing precariousness of pastoral ministry is accepted and assumed, it can be the good luck of the Gospel, because it compels the minister to give up his ideal of perfection and to learn how to live in the grace of God.
p.p. 367-386
Auteur
GRELLIER Isabelle
Isabelle GRELLIER est professeure en théologie pratique à la Faculté de théologie protestante de l’université de Strasbourg, membre du G.R.E.P.H. (Groupe de recherches et d'études en théologie pratique et herméneutique), et du GRESOPP, deux groupes de recherche rattachés à l'Unité de recherche 4378 de la Faculté de théologie protestante (UR 4378 axe 3).