La critique textuelle du Nouveau Testament éclaire la question pseudépigraphique dans la mesure où la réception d’un écrit dans l’Église ancienne est indissociable de sa diffusion dans la tradition manuscrite. David Pastorelli confronte l’Épître de Jude aux différents types de textes connus (« occidental », alexandrin et byzantin). L’Épître est largement attestée dans le type alexandrin dès la fin du IIe siècle, mais les auteurs alexandrins savent qu’elle n’est pas admise par toutes les Églises. La Syrie est vraisemblablement visée : les quatre Épîtres catholiques mineures (2 P, 2-3 Jn et Jd) ne sont reçues que tardivement dans le type syro-byzantin. La découverte majeure provient du texte « occidental » qui exclut l’Épître de Jude et permet ainsi de montrer que son statut pseudépigraphique est discuté dès la première moitié du IIe siècle ; le Canon de Muratori confirme la poursuite du débat à la fin de ce même siècle siècle.
Textual criticism of the New Testament illuminates the pseudepigraphic issue insofar as the reception of a text in the early Church is inseparable from the circulation of its manuscripts. David Pastorelli confronts the Epistle of Jude to three different types of texts: Alexandrian, Byzantine and « Western ». Though it is widely attested in the Alexandrian type at the end of the second century, the Alexandrian authors know that some churches do not accept the Epistle. It is most plausibly churches of Syria they have in view: four minor Catholic Epistles (2 Peter, 2 John, 3 John and Jude) are but lately accepted in the Syro-Byzantine type. The major discovery comes from the « Western » text which excludes the Epistle of Jude, allowing thereby to show that its pseudepigraphic status is already discussed in the first half of the second century; the Muratorian Canon confirms that the debate goes on at the end of that same century.
p. 497-513
Auteur
PASTORELLI David
David Pastorelli est professeur agrégé (Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse) et chercheur associé au laboratoire « Textes et documents de la Méditerranée antique et médiévale » (Centre Paul-Albert Février, CNRS et Université d’Aix-Marseille, UMR 7297).