Intégralisme religieux et société libérale. Le cas des juifs orthodoxes en France, des années 1980 à nos jours

Cette thèse envisage la tension entre une conception englobante de la religion portée par les juifs orthodoxes et une conception privatisée et plurielle en vigueur dans la société française, une société laïque et sécularisée, des années 1980 à nos jours. Cette tension est explorée depuis ces deux points de vue. D’une part, la thèse interroge la façon dont les juifs orthodoxes s’organisent pour ménager l’espace jugé nécessaire à leur pratique religieuse. Pour ce faire, elle explore leurs besoins, leurs demandes, ainsi que les stratégies qu’ils mettent en œuvre pour les porter. D’autre part, la thèse soulève la question de la gouvernance publique du religieux. Pour ce faire, elle étudie la manière dont l’État laïc appréhende une minorité religieuse, qui semble aller à contre-courant du mouvement de fond de la sécularisation. À partir d’un protocole de recherche mixte, et en mobilisant la sociologie électorale, la sociologie de l’action collective, l’analyse des politiques publiques et des outils de sociologie de la religion, la thèse teste la consistance de l’intégralisme des juifs orthodoxes dans la société française. Elle réfléchit ainsi à la gouvernance de minorités religieuses intégralistes, à partir d’un autre cas que l’islam, et distingue ce qui relève d’une religion en particulier ou de l’orthodoxie. Elle montre une érosion de l’intégralisme religieux, du fait de réponses défavorables des institutions publiques et de la sécularisation qu’il ne parvient pas à enrayer.

Mots-clés : intégralisme religieux, judaïsme orthodoxe, religion, sphère publique, sécularisation

 

Religious integralism and liberal society. The case of Orthodox Jews in France, from the 1980s to the present day

This thesis analyses the tensions between a conception of religion as something that belongs in the public sphere versus the privatised and plural conception of religion found in secularised societies. In particular, it investigates this tension and its consequences in regard to Orthodox Jews in France, a country that praises itself for being secular since the 1980s. This thesis explores a two-fold phenomenon. On the one hand, it enquires how Orthodox Jews manage to find the leeway they deem necessary to practice their religion in the private and public spheres. Accordingly, it considers their needs and their claims, and the strategies they use to achieve them. On the other hand, this thesis focuses on the public governance of religion. This requires us to study the way that the French state manages a religious minority which seems to go against secularisation. This thesis is based on interviews with Orthodox Jews and political and administrative actors. It also analyses two Orthodox newspapers, and it draws on electoral sociology, sociology of collective action, public policy, and uses tools from the sociology of religion to test the consistency of Orthodox Jews integralism within French society. It thus helps us understand the governance of a religion other than Islam and distinguish between what is related to a particular religion and what is related to orthodoxy in general. In brief, this thesis shows the breakdown of intransigent integralism due to negative reactions from public institutions and to the secularisation it fails to halt.

Keywords: religious integralism, orthodox Judaism, religion, public sphere, secularisation

 

religious integralism, orthodox Judaism, religion, public sphere, secularisation

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p. 557-564

Auteur

STRACK Frédéric
Frédéric STRACK est Docteur en science politique à l'Université Panthéon-Assas/École Pratique des Hautes Études