Chronique catéchétique I

Cette chronique fait suite à notre article sur la Société des Écoles du Dimanche. À la différence de celui-là, qui mettait l’accent sur l’histoire des mutations des modèles catéchétiques que la Société des Écoles du Dimanche française (SED) a connue depuis ses origines en 1852 jusqu’à nos jours, cette chronique-ci présente le matériel pédagogique que la SED a produit pour l’enfance (7-11 ans) depuis qu’elle est devenue, il y a dix ans, le service catéchétique des Églises réformées et luthériennes de France regroupées dans le Conseil permanent luthéro-réformé (CPLR). L’optique adoptée est praxéologique, avec une double dimension d’analyse critique du matériel et d’orientation à destination des catéchètes et des pasteurs qui désirent construire un programme de formation pour les enfants.

D’autres chroniques suivront : l’une faisant état des productions catéchétiques de la SED pour l’adolescence et la petite enfance – deux classes d’âge dont traditionnellement elle ne s’occupait pas ; d’autres relatant les productions francophones protestantes alsaciennes, suisses et catholiques.

Dans l’article précédent, nous avons été amenés à expliquer pourquoi et comment une société indépendante des Églises née du Réveil telle que la SED est devenue en 1989 un service de ces Églises. Une des conséquences de cette intégration ecclésiale de la catéchèse a été la création d’un nouveau matériel catéchétique en application d’un texte d’orientation commune (TOC). Ce texte définit l’acte catéchétique comme « ce qui témoigne du fait que Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit vient à notre rencontre » par la médiation de trois types de références, biblico-théologiques, ecclésiologiques, pédagogiques, qui allaient devenir le cadre conceptuel de tout le matériel catéchétique produit par la nouvelle SED.

I – Du matériel pour former les catéchètes d’abord ?

L’ordre de ces références n’est pas anodin. S’il place classiquement la référence théologique en premier, la dimension ecclésiologique vient en deuxième ; manifestant ainsi le souci de sortir la catéchèse de son cloisonnement par rapport à d’autres activités d’Église (diaconie, mission, évangélisation) et de la faire vivre par toute l’Église. Quant au souci pédagogique, il vient en troisième position et concerne les catéchètes prioritairement. Est-ce à dire que l’enfant et l’adolescent ne sont pas au centre de la catéchèse ? En fait, ces derniers apparaissent dans le TOC comme des « partenaires » de la catéchèse au même titre que l’objet de la catéchèse (les textes bibliques), ses agents (les catéchètes), ses institutions (les Églises, les mouvements de jeunes). Ce classement traduit aussi la crise de la transmission catéchétique telle qu’elle se pratiquait jadis sous forme de cours, alors qu’elle tend à devenir, depuis les années soixante, une « catéchèse du parcours ». Les catéchètes sont au coeur de cette crise, et la SED entend les former pour qu’ils repensent autrement l’articulation de la théologique et de la pédagogique. « Prêtons attention à la personne et à la foi du catéchète – écrit Olivier Pigeaud, alors président du conseil de la SED -, et pas seulement à son enseignement. Certes il y a des matériaux ou éléments de connaissance à transmettre. Mais il n’y a pas seulement un savoir à faire passer, mais un témoignage à apporter. Les deux faces de la catéchèse (enseignement et témoignage) sont nécessaires, mais l’aspect relationnel est indispensable ». C’est ainsi que les premiers matériels produits par la SED sont prioritairement destinés aux catéchètes et ne comportent pas de livret pour les enfants. Tel est le cas de La cène. Dossier expérimental pour catéchète d’adolescents (1990), de Jean Baptiste et Jésus (1991), Exode … exodes (1992) et Jésus en question. Des témoignages rapportés par Marc(1992), trois dossiers pour catéchètes d’enfants de 7 à 11 ans.

L’absence de livret pour enfants, critiquée par des catéchètes insécurisés de ne pas avoir « quelque chose de tout fait à leur donner », n’a pas échappé aux concepteurs de ces premiers dossiers dans l’introduction desquels on peut lire ceci : « S’il est clair que chaque dossier, tel qu’il est rédigé, s’adresse d’abord aux adultes, il est cependant évident qu’on n’y perd pas de vue les enfants que ces adultes accompagnent (groupes d’école biblique, meutes de louveteaux ou enfants qui participent à une colonie ou à un camp), ni les communautés dont les enfants sont membres (paroisses ou mouvements de jeunes) ». Mais ce sont d’abord les catéchètes qui sont invités à se confronter personnellement aux textes bibliques en étudiant leur forme et leur message dans leur contexte d’origine, puis en se laissant questionner en tant qu’adultes par eux, enfin en se demandant comment ces textes et leur message peuvent rencontrer la vie de l’enfant. Ce n’est qu’à ce moment qu’ils peuvent mettre en oeuvre, de préférence en équipe, un projet catéchétique dans lequel les enfants à leur tour pourront rencontrer les textes et recevoir leur message.

Le matériel conçu dans cette optique est dit « auto-formateur » parce qu’il est censé permettre aux catéchètes d’entrer d’eux-mêmes dans cette démarche et d’y faire entrer les enfants. Cette notion de matériel auto-formateur est apparue pour la première fois en 1988 dans le rapport du synode national de l’Église réformée de France à Nantes consacré à la catéchèse alors que la SED n’était pas encore devenue ce qu’elle est aujourd’hui et n’avait pas produit son nouveau matériel. « Les parcours de la SED – écrivent les rapporteurs synodaux – proposent un livret biblique et un livret pédagogique. Il nous semble qu’il faudrait articuler davantage les deux éléments. Il est important en effet de comprendre à quoi servent les connaissances bibliques, comment et quand les utiliser pour qu’elles n’interfèrent pas entre les textes et ceux qui les découvrent. La vraie formation est libératrice, elle permet de se sentir assez solide pour laisser s’exprimer les réactions de toutes sortes : questions, objections ou même refus. Un matériel auto-formateur devrait permettre aux catéchètes d’être au clair sur leur propre relation avec la Bible et sur leur propre foi, en y reconnaissant la part du doute. C’est à ce prix qu’ils peuvent accueillir, écouter les destinataires de la catéchèse et leur parler ».

Une seconde fois, en 1994 le synode national de l’Église réformée de France de Montpellier revient sur la question du matériel auto-formateur pour souligner, cette fois-ci, que son impact demeure faible chez les catéchètes, soit parce qu’il leur demande un investissement trop important, soit parce qu’il est jugé abstrait, intellectuel et austère.

Les concepteurs du nouveau matériel estiment, quant à eux, que c’est aux catéchètes de faire cette articulation et ils la décrivent en termes de successivité. Ainsi dans l’introduction à Jésus en question, ils écrivent : « Dans le dossier, la partie « pédagogie-animation » fait suite aux notes bibliques ; en effet la majeure partie de son contenu est destinée à permettre aux enfants de faire des découvertes à partir des textes bibliques et à la inciter à s’exprimer à propos de ces découvertes. Il est donc nécessaire que les catéchètes étudient d’abord les textes et les notes exégétiques pour ne s’interroger que dans un deuxième temps sur les animations à proposer aux enfants. »

On peut comprendre l’aspect précautionneux et exigeant de ces consignes face à des catéchètes pressés d’aller à des solutions pratiques et peu enclins à faire de l’exégèse ! Mais il faut bien dire qu’une fois accomplie l’étude des notes bibliques, le catéchète peut se trouver en difficulté face à sa tâche pédagogique. En effet, ces notes sont conçues selon une approche historico-critique (sérieuse !) qui creuse entre l’acte de lecture et la fonction pédagogique du catéchète une telle distance que la construction de l’articulation théologie/pédagogie devient une gageure. Sans compter le fait que certaines remarques de critique textuelle peuvent troubler le catéchète « de base », on imagine aisément que ce catéchète scrupuleux risque de refermer ce livret biblique après sa lecture et passer à autre chose … C’est là, sans doute, que la formation – et notamment celle dispensée par le théologien pasteur – devrait aider le catéchète à faire ladite articulation, mais dans combien de lieux d’Église cela est-il réellement mis en oeuvre ? La solution ne doit-elle pas plutôt être trouvée du côté de la conception même du matériel qui devrait inscrire la relation entre théologie et pédagogie dans un rapport de simultanéité plutôt que de successivité ? Le modèle didactique de ce nouveau matériel demeure sans doute encore trop marqué par le schéma selon lequel on pourrait d’abord acquérir un bagage théologique pour l’inculquer ensuite à d’autres sans que soient touchés à la fois son propre système de conviction, sa manière de se comprendre soi-même et d’appréhender la réalité.

II – L’évolution du matériel : création de dossiers pour enfants et refonte des dossiers pour catéchètes

Après cette première série de dossiers, une nouvelle orientation apparaît progressivement dans la conception du matériel de la SED. Ainsi Exode … exodes (1re éd. en 1992) est augmenté, fin 1992, de cassettes vidéo et, en 1995, d’un livret destiné aux enfants de 7 à 11 ans. Puis, en 1993, sortEspérer en exil, premier dossier comportant conjointement un livret pour les catéchètes et un « carnet de route » pour les enfants. Enfin, en 1996 et 1997 sont édités respectivement un livret pour les enfants de Jésus en question(1re éd. en 1992) et une refonte du dossier pour adultes.

Essayons de comprendre ce qui préside à ces évolutions. Bien que désigné comme « livret enfant », le complément d’Exode … exodes s’ouvre par quatre pages de notes d’accompagnement destinées aux catéchètes ; elles présentent ce livret comme l' »adaptation des propositions contenues dans le premier document ». Mais seule l’approche globale d’Ex 1-24 est explicitement reprise à partir des notes bibliques et pédagogiques du livret du catéchète alors que deux autres approches (l’épisode du veau d’or en Ex 32-34 et la Pâque dans ses rapports à la cène) ne font plus référence explicitement au document initial mais à des outils catéchétiques produits par d’autres organismes que la SED, notamment les cassettes vidéo de Meromedia.

L’objectif général de l’approche d’Ex 1-24 est, selon Sonia Arnoux, auteur du livret pour enfants, de « rendre capable les enfants de raconter l’histoire de l’exode en insistant sur la présence et l’accompagnement de Dieu dans la vie quotidienne et les difficultés du peuple. Par analogie, ils pourront découvrir que Dieu s’intéresse aussi à leur vie et qu’en dialogue avec lui ils peuvent apprendre à mieux vivre avec les autres ». Normalement cet objectif devrait être perceptible par les catéchètes dans le document qui leur est destiné. Mais un gros travail d’opérationnalité de cet objectif général n’ayant pas été accompli, le document destiné aux enfants le propose en articulant trois niveaux d’entrée dans les textes, dont l’ordre est modulable selon les séquences :

  • le groupe d’enfants et de catéchètes en tant que lecteurs des textes et vivant des rencontres aujourd’hui,
  • « le village de la terre promise », dans lequel sont mis en scène les personnages fictifs d’une narration située à l’époque royale alors que le peuple est installé en Canaan et qu’il vit de la Loi reçue au Sinaï,
  • les situations, événements, personnages des textes du temps de l’exode.

Un « document témoin », sous forme de fresque construite par les enfants, leur donne la possibilité de visualiser l’ensemble de la démarche. Un point intéressant mais délicat de la démarche doit être évoqué ici, c’est le rôle des narrations. Le document destiné aux catéchètes les présente comme le fruit d’une réflexion théologique et pédagogique qui s’apparente à celui de la prédication. De telles narrations ont pour fonction, selon les auteurs, de réduire la distance entre les textes originaux et nous-mêmes à l’aide de personnages fictifs qui auraient pu vivre l’expérience de l’exode à une époque bien postérieure. Le recul vis-à-vis des événements anciens qu’elles offrent oblige les enfants (mais également les adultes) à s’interroger sur le sens de leur vie et de leur foi. Tout en reconnaissant les vertus du processus narratologique en catéchèse, nous pensons, au contraire de ce qu’écrivent les auteurs, qu’une narration doit être à bonne distance du texte original afin que sa lecture permette de faire une authentique expérience de refiguration de ce texte qui soit riche en interrogations. Or les personnages de la narration portent des noms, Joël et Jacob, appartenant par ailleurs au monde biblique, ce qui risque de semer la confusion dans l’esprit des enfants qui ne parviendront pas à faire la différence entre les personnages du récit initial et ceux du récit fictif. Aussi peut-on s’interroger sur l’intérêt de telles narrations et se demander si certains textes bibliques, dont la langue pourrait être modernisée à l’aide de la traduction en français fondamental par exemple, ne pourraient pas tenir lieu de narration.

Au bilan, si le livret pour enfants d’Exode … exodes représente une aide réelle pour les catéchètes et un progrès pour les enfants du fait qu’ils possèdent un livre « à eux » pourvu de jeux et d’illustrations, il demeure tributaire d’un livret pour adultes trop empesé dont l’articulation a posteriorine parvient pas à combler l’irréductible distance de conception entre les deux documents. C’est pourquoi il est intéressant d’examiner maintenant le premier matériel de la SED conçu simultanément sous forme de deux livrets, l’un pour les catéchètes, l’autre pour les enfants : Espérer en exil (1993).

Dans l’introduction au livret pour les adultes, Olivier Pigeaud indique que ce nouveau matériel se situe dans la même ligne pédagogique et théologique que ses prédécesseurs, mais, précise-t-il, « en tenant compte des animateurs de groupes bibliques d’enfants qui ont peu d’expériences ou peu de temps,Espérer en exil les guide un peu plus et surtout il fournit pour l’enfant lui-même un support tangible, le « carnet de route » […]. Cette appellation est à considérer. Elle indique bien que la catéchèse est une marche, un voyage, une aventure. Une aventure, par définition n’est pas toute tracée d’avance ».

À la différence du livret pour enfants d’Exode … exodes, ce carnet de route ne compte aucune note pour les catéchètes ; c’est un document exclusivement réservé aux enfants et conçu pour eux. Sa construction colle au livret pour adultes qui se ressent positivement de cette dépendance. On peut même se demander si les concepteurs de ce matériel n’ont pas commencé leur travail par le carnet de route qu’ils présentent d’ailleurs comme « l’élément porteur de la démarche », ce qui représente un changement d’optique par rapport aux premiers matériels conçus pour les catéchètes.

Quant à la démarche, elle consiste, selon eux, à « faire résonner les événements historiques et bibliques de l’exil à Babylone dans la vie des enfants ». Pour ce faire, ils estiment que ces derniers peuvent traverser des situations analogues à des « expériences existentielles aussi fortes que la déportation l’a été pour le peuple d’Israël ». Ainsi, dans l’exil Israël a d’abord crié son chagrin et sa détresse (Ps 137), puis a pris son parti de la situation et s’est organisé (Jr 29/1-14), a appelé Dieu à son secours (Ps 80), a pris conscience de ses responsabilités (Ez 34), a appris à faire confiance à Dieu (Es 44/24-45/7) et a retrouvé l’espérance (Es 40/1-17). « Ces réactions sont celles des Juifs face à la catastrophe qu’est l’exil, ce sont aussi les nôtres face à toute espèce de catastrophe. »

Deux points méritent d’être soulignés : ce sont les narrations, sur l’usage desquels les auteurs reviennent, et la notion d’expérience existentiellelargement utilisée.

  • Les narrations sont considérées comme « la clef de voûte de la démarche d’Espérer en exil « . En effet, elles ne constituent pas une activité parmi d’autres mais le moyen de mettre les enfants en relation avec les événements d’autrefois et les préoccupations d’aujourd’hui. Les auteurs reprennent donc l’usage des narrations déjà critiqué ci-dessus et le livret pour adultes présente huit narrations qui correspondent aux huit étapes que le carnet de route propose de faire franchir aux enfants. Cependant les auteurs écrivent qu’il « ne s’agit surtout pas d’utiliser les narrations telles quelles, encore moins de les lire aux enfants […] ; c’est la façon dont une équipe, à un moment précis, a voulu raconter ces récits et leur contexte ». Cette réserve, qui se fait probablement l’écho de divergences au sein du Département enfants de la SED quant à la conception des narrations, leur usage et leur rôle, est importante car elle laisse aux catéchètes la liberté de création. Mais elle leur complique singulièrement la tâche car construire une narration n’est pas donné à tout le monde et une formation s’impose. On retrouve ici le débat sur le matériel auto-formateur que nous avons déjà signalé : plus le matériel catéchétique est élaboré, voire « mâché », plus le risque est grand qu’il soit utilisé par les catéchètes comme un « kit ». Moins il est élaboré, avec cependant des orientations de savoir-faire précises et argumentées, plus il risque de dérouter les catéchètes « pressés et peu formés ». Pour la SED, c’est la quadrature du cercle : il lui faut simultanément produire son matériel, le vendre et former sa « clientèle » à son usage correct, sinon le risque est grand de voir les catéchètes aller chercher leur matériel ailleurs, notamment du côté d’organismes dit évangéliques qui proposent des outils prêts à l’emploi selon des modèles pédagogiques encore proches des anciens catéchismes par questions et réponses.
  • La notion d’expérience existentielle est plusieurs fois utilisée dans le livret pour adultes d’Espérer en exil. Les auteurs utilisent d’ailleurs l’adjectif « existentiel » pour qualifier leur démarche par opposition à une autre, dite « historique », qui consisterait à utiliser les notes bibliques comme « l’aperçu complet des événements de l’exil ». Les auteurs se servent ici du modèle de catéchisme existentiel ou herméneutique défini par l’école allemande de la Religionspädagogik. Selon ce modèle inspiré de l’école bultmannienne, les textes bibliques jouent un rôle central en catéchèse, mais, s’ils sont compris comme des textes historiques, ils n’ambitionnent pas de donner des informations sur le passé mais d’être porteurs d’un message pour aujourd’hui. « Comprendre le texte – écrit M. Baumann -, signifie en saisir l’interpellation, mais ce mouvement d’appropriation ne se limite pas à une démarche cognitive. La compréhension désigne la découverte d’une possibilité existentielle, d’une compréhension de soi. Le texte biblique et la tradition chrétienne en général sont porteurs d’un message existentiel. Ils n’apportent pas une connaissance particulière, mais suscitent une réflexion sur soi, une mise en mouvement de l’existence ». Quant à la notion d’expérience existentielle, pour être comprise correctement elle doit être différenciée de l’expérience vécue. En effet, une expérience vécue n’est que le fait d’éprouver quelque chose qui enrichit plus ou moins la pensée et la vie mais qui se joue immédiatement sans forcément retentir sur des convictions, des images de soi et du monde qui seraient ainsi modifiées. En revanche, l’expérience existentielle atteint ce niveau de problématisation et permet chez ceux qui la vivent une confrontation avec la révélation et la foi. Selon P.-L. Dubied, la catéchèse doit « aider les jeunes à conquérir une réelle conscience de leur vécu à partir de la proposition de la foi ». Mais le propos de Dubied concerne la catéchèse des adolescents et non celles des enfants, et les conditions d’expérimentation existentielle sont différentes selon les âges. Alors que joue pour les adolescents le réflexe de sanctuarisation du religieux qui affaiblit la confrontation de la foi et de la réalité et se traduit par un « discours de distance » vis-à-vis de la foi, on peut admettre que, pour les enfants de 7 à 11 ans concernés par le matériel catéchétique de la SED, ce réflexe est moindre car ces enfants tiennent encore, vis-à-vis de la foi, un « discours d’évidence », sans soupçon ni inquiétude. Il n’en demeure pas moins nécessaire d’être attentif au fait que, pour des enfants européens de la fin du XXe siècle, la transcription d’une expérience existentielle telle que l’exil du peuple d’Israël au VIe siècle avant notre ère n’est pas automatique et qu’en aucune manière elle ne doit s’imposer comme un parcours obligatoire. La foi demeure, à tout âge, une offre et une rencontre libres.

C’est cette perspective que la refonte du dossier Jésus en question a probablement voulu souligner. Ce dossier publié en 1992 avec 144 pages est reédité en 1997 réduit à 83 pages. Selon Sonia Arnoux, l’auteur de cette nouvelle version, il s’agit seulement d’une « mise à jour ». Qu’on nous permette d’en douter à partir de la remarque générale suivante. La première version du dossier est marquée par la démarche exégétique historico-critique qui en fait plus un « catéchisme élémentaire » qu’un « catéchisme herméneutique » pour reprendre la terminologie de la Religionspädagogik. L’élémentarisation cherche le centre de la tradition chrétienne et le dénominateur commun entre autrefois et aujourd’hui, alors que l’existentialisation cherche la rencontre avec cette tradition et le message qui transite du passé au présent. La première attitude est plus centrée sur le questionnement et la mise en place des idées sur Jésus, la seconde sur la rencontre et la mise en scène des personnes qui rencontrent Jésus De nombreux exemples de refonte de la rédaction du livret pour adultes permettraient de montrer ce glissement. Mais l’évolution qui nous paraît la plus significative est la place marginale réservée aux narrations dans les orientations pédagogiques de la seconde version alors qu’elles tenaient la première place dans la première. Cette seconde version recommande plutôt le jeu scénique (théâtre, mime) « comme un outil permettant d’entrer dans les récits, de les habiter, de les rejouer, de s’identifier à des personnages et de « côtoyer » Jésus autrement ». Les narrations sont tout de même présentées comme une entrée possible dans les récits bibliques et quelques exemples en sont donnés, mais l’auteur précise qu' »il n’y a aucune contrainte » et ajoute, non sans humour : « on peut aussi raconter aux enfants ce que l’on trouve dans l’Évangile de Marc [sic]. C’est alors avec eux, grâce au travail scénique, que se fera l’imprégnation culturelle et le travail d’interprétation ». La surprise ne s’arrête pas là puisque S. Arnoux écrit encore que « les enfants sont, par ailleurs, souvent invités à lire le texte biblique et pourtant le texte n’est pas dans le livret. Il ne s’agit pas d’un oubli, mais d’une demande exprimée par de nombreux catéchètes de ne pas priver les enfants de la découverte du texte dans la Bible même ». Ce pourrait être le mot de la fin de ce chapitre et une bonne transition pour le suivant : « merci aux catéchètes d’avoir souhaité faire lire (ou relire) les textes bibliques par les enfants » !

III – Un cadre global de production biblique et thématique

Tel est le titre d’un document de travail du Département Enfants de la SED de février 1992. Il montre qu’en dépit des résistances que nous avons notées à mettre le texte biblique entre la mains des catéchètes sans leurs clefs d’accès, la SED demeure dans la tradition protestante d’une catéchèse basée sur la Bible. Ce document vient compléter le texte d’orientation commune (TOC) qui avait été l’acte de naissance de la nouvelle SED en 1989 mais qui ne donnait pas de précisions sur le contenu du matériel catéchétique à produire. La SED dut alors se donner, en accord avec les Églises, un cadre global de production à partir de « textes bibliques incontournables » recoupant des thèmes renvoyant à des « expériences fondamentales », formule qui, dans la littérature de la SED, alterne avec celle d’expériences existentielles.

Ce document affirme que « l’objectif du Département Enfants de la SED est tout naturellement de permettre une (première ?) rencontre des enfants avec Jésus. Ce qui implique que les textes du Nouveau Testament sont en soi une priorité. Mais l’Ancien Testament ne peut pour autant pas être ignoré : il constitue l’arrière-plan sur lequel se déroule et se comprend le ministère de Jésus, et nous ne saurions pratiquer avec les enfants un marcionisme inavoué. Il conviendra donc de préciser quelle place donner à l’AT dans notrecatéchèse des enfants ».

Dans le présent chapitre nous allons présenter succinctement l’ensemble de la production catéchétique de la SED replacé dans le cadre global de production biblique et thématique qu’elle s’est donné.

Jésus dans les Évangiles : Faire la connaissance de Jésus est affirmée comme une priorité pour la tranche d’âge de 7 à 11 ans. Mais, face à l’existence de quatre Évangiles, la SED choisit de ne pas mêler dans un même dossier des extraits d’Évangiles différents pour deux raisons : ne pas les confondre dans une sorte d’harmonisation artificielle et préparer les enfants à une découverte positive des présentations diverses de Jésus. Aussi, comme nous allons le voir, une sensibilisation au problème synoptique est-elle envisageable pour les 11-12 ans faisant apparaître le caractère éminemment contextuel des témoignages évangéliques et la variété des thèmes s’y rapportant.

L’Évangile de Marc est reconnu doublement prioritaire du fait de son caractère narratif et du fait qu’il donne le cadre rédactionnel de Matthieu et Luc. Marc met en scène un Jésus suscitant admiration ou hostilité, accueil ou rejet, en présence duquel les appelés se déterminent librement alors que Lui poursuit seul son chemin vers la croix. Nous avons déjà noté que Jésus en question. Des témoignages rapportés par Marc avait été un des premiers dossiers fabriqués par la SED (1992) récemment augmenté d’un dossier pour enfants (1996) et même refondu (1997).

Les Évangiles de Matthieu et de Luc ne bénéficient pas encore de dossiers aussi complets que celui de Marc. Chronologiquement c’est Luc qui a été traité le premier dans le dossier Jean Baptiste et Jésus (1991). Parce qu’il est considéré comme l’Évangile qui a le souci des temps de l’histoire du salut et qu’il manifeste un certain intérêt pour la liturgie et la vie de l’Église, Luc a été choisi comme guide d’une approche célébrante des fêtes. Ainsi Jean Baptiste et Jésus, centré sur le cursus biblique de Lc 1/5-3/22, permet-il une préparation de Noël. Le problème des fêtes est d’ailleurs un autre biais par lequel la SED veut faire entrer les enfants dans une démarche catéchétique. Les dossiers La Vie en fêtes sont apparus respectivement en 1997 (Noël) et 1999 (Carême-Passion-Pâques-Ascension-Pentecôte) et sont essentiellement basés sur Luc, le premier s’essayant à une lecture synoptique des textes de Matthieu et Luc. Ils comprennent un matériel pour le catéchète et un pour les enfants. Les raisons de ce choix pour les fêtes relèvent d’une double réflexion anthropologique et théologique autour de la question de la ritualité. Les familles célèbrent Noël, les intentions parentales et enfantines se rejoignent dans le souvenir et la perpétuation de l’esprit d’enfance. Le dossier Noël entend s’interroger sur le sens de cette fête aujourd’hui pour retrouver les liens avec les événements bibliques qui lui ont donné naissance et « cesser de les reproduire comme des histoires dont le coté merveilleux a parfois occulté celui qui est au centre, Jésus lui-même ». Le dossier Carême-Passion-Pâques-Ascension-Pentecôte, moins tributaire de la religion populaire qui agace un peu facilement les chrétiens engagés, argumente plus sérieusement sur le choix du thème de la fête : elle pose souvent la question de la mort, elle est un repère nécessaire à la vie et renvoie à l’interrogation sur l’origine et le destin de l’humanité, thèmes susceptibles de faire faire aux enfants ces fameuses expériences fondamentales dans une démarche existentielle. À propos du problème synoptique, une initiation simultanée des catéchètes et des enfants est tentée dans le dossier La vie en fêtes. On leur fait faire une lecture comparative de Mt 1-2 et de Lc 1-2. Aux adultes on explique que « l’exercice qui suit n’a pas d’autre but que de repréciser des notions connues par la plupart des lecteurs du dossier pour en faciliter l’utilisation » et l’on ajoute qu’il est « important de ne pas se culpabiliser si certaines questions restent sans réponses à ce stade de l’exercice ». Cela dit, on rassure les catéchètes en relevant les différences des textes et on leur fournit des éléments de réponses … alors que dans le dossier des enfants, on donne une feuille avec les textes en miettes des deux Évangiles qu’on leur propose de trier et de recomposer : « il y a un truc pour te faciliter le travail », est-il écrit, et le résultat attendu ne fait pas l’objet des craintes supposées des adultes.

L’Évangile de Matthieu est aussi abordé par le biais de la fête de Noël dans le dossier Une nouvelle étoile … pour quel roi ? (1994). Il comporte un livret pour catéchète et un livret pour enfants et porte sur les chapitres 1 et 2 de cet Évangile. Le cadre global de production biblique et thématique de la SED présente Matthieu comme l’Évangile où Jésus accomplit les Écritures et répond aux attentes messianiques du peuple en témoignant de la présence du Royaume. Quant au dossier, il développe cette problématique en essayant de sensibiliser les enfants au fait que les racines juives de Jésus n’empêchent pas, au contraire, son message d’avoir une portée universelle dont l’étoile suivie par les mages est le grand signe. Les chapitres 1 et 2 constituent une « épiphanie ». Les enfants sont invités à construire une étoile dont le déploiement des branches leur permettra de manifester à leur tour le dévoilement de la nouvelle royauté du Christ tantôt acceptée tantôt refusée. Le livret du catéchète sera complété en 1996 par un autre intitulé Une nouvelle étoile … qui est ce roi ? portant sur l’identité christologique de Jésus (Mt 11/1-19) et la passion et la résurrection de ce roi (Mt 21-28).

L’Évangile de Jean est traité dans un dossier intitulé Vois la vie (1996). Il est présenté sous la forme d’un procès de Jésus avec ses témoins à charge et à décharge. Mais la structure narrative, l’action des personnages, la topographie et surtout le langage de cet Évangile sont si différents de ceux des Synoptiques que les auteurs du document proposent une démarche de découverte par scènes de vie de Jésus relativement indépendantes les unes des autres. Ce procédé évite de donner le sentiment qu’on peut connaître la biographie du Jésus historique et conduit les enfants à découvrir le visage du Christ de la foi devant lequel chacun est invité à prendre position et à regarder, au-delà des événements qu’il vit, le sens de la croix et le lien du Père avec son Fils. D’où la difficulté pour les catéchètes d’avoir à ouvrir devant les enfants un chemin de foi, plutôt que de donner un enseignement, fût-il biblique, sans leur imposer leur propre parcours de foi ou, à l’inverse, de le taire. Le dossier propose une double démarche : se préparer au dialogue avec Jésus à travers la découverte des textes tels que les noces de Cana, Nicodème, la Samaritaine, etc, et s’initier à l’approche symbolique des éléments concrets de l’environnement que les enfants connaissent bien (eau, lumière, nourriture, chemin, etc) présents dans les scènes où Jésus entre en dialogue avec ceux qu’il rencontre. Le matériel destiné aux enfants permet, grâce à la construction d’un vitrail ou d’une mosaïque, de découvrir Jésus le Christ par touches successives où se mêlent couleurs, lumières et situations de vie.

Le cadre global de production de la SED proposait de présenter les Actes des apôtres en tension avec quelques extraits des épîtres de Paul pour faire découvrir aux enfants une vision moins idéalisée de l’Église que celle des Actes, plus proche de la situation qu’ils sont censés vivre. Si ce procédé n’a pas été retenu en 1996 par les concepteurs du dossier L’Église en actes, ces derniers vont tout de même développer l’idée d’une Église qui grandit par éclatements successifs amenant la Parole jusqu’aux extrémités de la terre. Luc s’attarde sur des débuts de l’Église qui font rêver pour rappeler que Jésus y est à l’oeuvre, mais il raconte plus longuement encore son éclatement, tel un oeuf qui éclôt et laisse s’échapper la Parole suivant une trajectoire en spirale, partant d’un noyau et se déployant dans le monde. La tension entre le dedans et le dehors, l’âge d’or initial et les temps nouveaux, soi et les autres, l’Église et la mission, autant de thèmes qui vont à la fois rencontrer l’expérience fondamentale que font les enfants du repli et de l’ouverture et guider la démarche pédagogique de ce dossier grâce à un jeu-spirale dit « l’aventure de la parole » : les textes retenus, Pentecôte (Ac 2/1-13), la guérison du boiteux (3/1-10), le retournement de Saul (9/1-30), Pierre et Corneille (10 et 11/1-18), etc, montrent comment les relations nouvelles inaugurées par Jésus, même quand elles provoquent déchirements et conflits, sont à vivre dans des cercles humains et communautaires de plus en plus larges.

Comme nous l’avons indiqué ci-dessus, aucune épître de Paul, ni d’ailleurs de Pierre et de Jean, ni l’Apocalypse, ne font actuellement l’objet d’un dossier de catéchèse pour les enfants de 7 à 11 ans dans la production de la SED. Le cadre global de production biblique et thématique passe sur cette question comme chat sur braise se contentant de signaler que certains textes (Apocalypse) « ne semblent pas abordables avec les enfants de l’âge concerné, ou n’apparaissent pas comme des textes incontournables en eux-mêmes (Ruth, Jonas) ». Le fait que certains de ces textes puissent être utilisés en catéchèse d’enfants n’est évidemment pas exclu, mais est laissé à la discrétion des équipes de catéchètes et en fonction des groupes d’enfants. Malgré cette ouverture, faut-il regretter cette absence à la SED de matériel portant sur les épîtres de Paul notamment ? Probablement car si l’objectif de la catéchèse est, comme on l’affirme dans le cadre global, « de permettre une (première ?) rencontre des enfants avec Jésus », qui mieux que Paul peut témoigner de ce centrement christologique dans le NT ? La revue internationale de catéchèse et de pastorale Lumen Vitae (trimestrielle catholique belge) a consacré un numéro entier de 1997 au thème « Saint Paul et la catéchèse ». De nombreuses pistes catéchétiques y sont développées notamment pour les enfants. Notons, à titre d’exemples, les suggestions de P. Gironi, prêtre bibliste italien qui souligne l’intérêt qu’il y a à raconter Paul lui-même aux enfants. Évidemment, en catéchèse protestante, on hésitera peut-être à se centrer sur un personnage, fût-ce Paul, mais Gironi insiste sur le fait que Paul a su inscrire son message dans le tissu vivant des communautés, et c’est en ce sens que sa biographie est intéressante plus que ses hauts faits. Paul est aussi un des personnages bibliques qui peut le mieux susciter des sentiments et des attitudes spontanés de la part des enfants tant il fut lui-même un personnage de chair et de sang. Ses lettres contiennent de nombreuses images vives et incisives qui témoignent d’un être de l’Église quotidien sans fard mais également résolument tourné vers celui qui la rassemble, le Christ. C’est évidemment la centralité de la figure du Christ qui constitue la clé de voûte d’une catéchèse de type paulinien susceptible d’être perçue comme « authentique » par les enfants. Enfin le programme de vie de Paul, selon les fruits de la foi et de l’Esprit et non de la loi et de la morale, peut avoir un effet d’entraînement à l’émancipation pour des jeunes qui, certes, vivent encore dans le giron familial mais sont en devenir de vie adulte … En bref, on peut inviter les catéchètes de la SED à tirer de Paul des pistes qui, à n’en pas douter, rencontreront certaines expériences fondamentales chez les enfants.

« L’Ancien Testament ne saurait plus être lu aujourd’hui comme un simple prologue du NT » peut-on relever dans le cadre global de production. Depuis la fin des années soixante, la SED a abandonné ce qui fut un des axes de sa pédagogie, à savoir « parcourir la Bible de la Genèse à l’Apocalypse » en commençant par l’AT. Mais après une période où dates et personnages se sont joyeusement mélangés dans la têtes des enfants, « Les aventures de Jacob » pouvant suivre la séquence consacrée aux Actes des apôtres, la SED entend pourtant inscrire sa lecture de l’AT « dans la perspective de l’évangile, comme un itinéraire qui conduit à Jésus … » – nous verrons comment. S’il ne s’agit pas de reconstituer une « Histoire Sainte », le cadre global de production construit un parcours de l’AT autour de trois axes :

  • Le temps des origines : Dieu se fait connaître ;
  • La période institutionnelle (l’institution royale et le prophétisme) ;
  • L’expérience de l’échec : l’exil.

La production disponible est loin de couvrir ce programme car la période institutionnelle ne fait l’objet d’aucun dossier. Elle a démarré par la publication en 1992 de Exode … exodes et Espérer en exil en 1993 dont il a déjà été question plus haut. Ces deux dossiers sont donc à cheval sur les axes 1 et 3 du cadre global de production. La liaison entre ces deux dossiers a été établie comme suit par leurs concepteurs : « L’Exode et l’Exil sont des périodes incontournables pour la compréhension d’Israël : dans les deux cas, il s’agit de la naissance ou de la renaissance du peuple d’Israël, de sa vie, de sa mort, des difficultés à assumer et organiser une vie où se mêlent la tradition connue et sécurisante et la nouveauté à aménager ». Mais, fidèles à leur conviction selon laquelle l’effet du texte va au-delà de la situation qu’il relate, les concepteurs soulignent que l’origine de ces dossiers se trouve dans l’interrogation des enfants et des moniteurs sur la Loi. Plus connue d’eux à cause des affrontements qu’elle suscite entre Jésus et ses opposants, la Loi est aussi le moyen que Dieu a donné à son peuple pour établir de justes relations avec lui et l’accompagner sur ses routes. C’est surtout ce dernier aspect avec insistance sur les aspects éthiques de la Loi (rencontre des autres, respect mutuel, protection des faible, etc) qui domine dans le livret du catéchète d’Exode … exodes. Il faut attendre la publication du livret pour les enfants en 1996 pour que les questions tournant autour des rapports entre la loi qui fait vivre et l’idole qui tue et entre la Pâque juive et la cène chrétienne soient abordées. Mais l’articulation théologique, bien que posée, reste encore à construire et à argumenter.

  • Ainsi dans l’approche de l’épisode du veau d’or (Ex 32-34) on pose aux enfants la question : « Dieu a-t-il plusieurs visages ? » Certes ils découvrent que les Hébreux ont fabriqué un faux dieu, mais ils sont amenés à conclure que « Dieu a beaucoup de visages et que chacun le voit à sa manière ». Aussi sont-ils invités à choisir celle qui leur convient pour le moment, celle qu’ils refusent et à ajouter une note personnelle. Mais sur quelles bases précises ? Le dossier pose seulement l’affirmation suivante sans la développer : « Attention ! Dieu n’est pas ce que nous disons … Le visage de Dieu est TOUT AUTRE !… Pour les chrétiens, le visage de Dieu par excellence c’est Jésus-Christ ».
  • Quant aux rapports entre Pâque juive et cène chrétienne, le dossier raconte l’histoire de Céline, une petite fille qui va au culte et qui demande à sa grand-mère de lui expliquer ce qu’est la cène. Puis, à l’école biblique, Céline découvre le sens des deux Pâques, juive et chrétienne, et souhaite participer à la cène comme à une fête faisant mémoire du passage de Jésus de la mort à la vie. Enfin elle invite son groupe à écrire une lettre (adressée au siège de la SED) souhaitant que les enfants soient accueillis à la cène.

Cette tentative de reprise christologique des textes de l’AT du dossierExode … exodes, même si elle peut paraître insuffisante, doit cependant être saluée car elle s’atténue dans le dossier Espérer en exil qui s’en tiendra à l’objectif suivant : « la découverte qu’une catastrophe peut conduire à la mort ou à la vie ». La dimension chrétienne apparaît seulement dans une proposition finale de célébration. Les catéchètes y sont invités « à donner un sens nouveau » (sic) tant aux objets fabriqués par les enfants pendant l’année qu’au contenu de la démarche à savoir « qu’en nous donnant son Fils, né parmi les hommes, ressuscité d’entre les morts, Dieu nous offre une espérance qui dépasse les catastrophes : Jésus-Christ nous accompagne dans nos vies et nous entraîne vers son Père ». Qu’on nous permette de remarquer que non seulement cette finale « tombe du ciel » et ne permet pas aux enfants de comprendre comment s’articulent l’espérance des Hébreux et celle des chrétiens, mais encore qu’elle sous-entend que les enfants sont déjà dans la foi chrétienne et que cette foi, finalement, englobe et dépasse celle des « autres » sans autre procès. La méthode est pour le moins gênante et contestable.

Le dernier dossier, À l’image de Dieu (1995), reprend à nouveaux frais cette question des rapports entre les deux alliances. À dire vrai, ce dossier pourrait aussi être classé dans ceux consacrés au NT du fait qu’il est thématique et porte sur les relations Dieu/hommes à partir d’un récit du Ps 8, de quatre chapitres de la Genèse (1 à 4), de quatre textes des Évangiles (Mc 1/14-20, Lc 17/11-19, Lc 15/11-32, Mc 4/35-41) et de divers textes pour une célébration. Bien que les textes du NT n’occupent qu’une des sept étapes de la démarche, l’intention théologique et christologique des auteurs est clairement précisée. Leur thèse est la suivante : le message qui transparaît de l’étude des textes des origines c’est que Dieu ne renonce jamais aux relations qu’il a créées entre lui et les humains et les humains entre eux même aux pires moments de transgression et de rupture. Dans le NT, écrivent les auteurs, « non seulement Dieu ne renonce pas, mais il « re-crée » de nouvelles relations, il sait attendre et compter sur notre capacité à en faire de même. Dans les textes choisis, Jésus apparaît comme le créateur venu marcher sur nos routes, celui qui nous permet de rencontrer Dieu, de répondre à cette question : qui est Dieu ? » Cette approche a le mérite d’être claire sans être pour autant apologétique car elle n’écrase pas le témoignage de l’AT qui, dans chacun des textes retenus des Évangiles, se trouve être en quelque sorte assumé : Dieu crée et recrée par sa parole et son Esprit, les relations paternelles et filiales sont restaurées et Dieu lui-même est révélé, même si son identité fait toujours question. Mais c’est maintenant Jésus l’opérateur de cette re-création. Une catéchèse chrétienne digne de ce nom ne peut occulter une telle proposition qui est aussi une conviction.

Le dossier L’aventure d’Abraham. Dieu fait route avec nous (1996) nous semble marquer un recul par rapport au précédent. Comme lui, on peut le situer sur l’axe 1 du programme global de production consacré au temps des origines. Ses auteurs entendent se situer strictement dans l’état actuel des recherches vétérotestamentaires et pédagogiques. Ainsi par rapport à un précédent matériel de la SED (Le clan d’Abraham- 1976), qui présentait Abraham comme un modèle historique de croyant, celui-ci entend sensibiliser catéchètes et enfants au fait qu’Abraham est une fiction littéraire qui a concentré sur lui les principales interrogations et interpellations des hommes d’une certaine époque de la vie d’Israël (pendant et après l’exil). « Au-delà de l’Histoire – écrivent les auteurs -, il s’agit de permettre aux enfants de s’approprier les écrits concernant Abraham pour y découvrir diverses manières de parler de Dieu et de le comprendre, et ainsi préparer à la rencontre des autres traditions qui se réfèrent à Abraham ». Le livret pour catéchètes fait donc état de la réinterprétation d’Abraham dans les traditions religieuses se réclamant de lui et notamment à travers les figures d’Abraham dans les différents textes du NT et les écrits des Réformateurs. En revanche, on peut regretter que le livret destiné aux enfants, en plus d’avoir une maquette brouillonne et peu attrayante, ne suive pas ce programme annoncé. Dans les huit textes retenus de la Genèse, la pédagogie mise en oeuvre ne permet guère de s’interroger sur l’identité du Dieu d’Abraham mais plutôt sur les attitudes humaines provoquées par son agir. Ainsi le chapitre intitulé « Abraham, un hôte », qui porte sur la pérégrination d’Abraham depuis la promesse de Gn 12/7 jusqu’à la cession de la caverne de Makpela, conduit-il les enfants à s’interroger sur le fait que dans chaque changement de l’existence s’opère une rupture. Mais la question n’est pas posée de savoir s’il est possible de croire que c’est Dieu qui provoque et accompagne cette rupture. Certes, les catéchètes sont là pour poser ce type de question, mais on peut s’étonner de l’inflexion comportementale du matériel catéchétique qui n’est que trop une pente naturelle et s’attendre au contraire à ce que ce matériel nourrisse théologiquement la réflexion sur l’identité de Dieu. Quant au lien entre Abraham et les croyants chrétiens un seul chapitre du livret destiné aux enfants y fait allusion subrepticement, celui où il est fait un rapprochement entre l’alliance avec Abraham (Gn 17/9) et le baptême : « Allez faites de toutes les nations des disciples, les baptisant … cette phrase de Jésus … rappelle le texte de Gn 17 : l’alliance et le baptême sont donnés pour toujours et à toutes les nations », peut-on lire dans ce livret, relayé par le propos suivant dans le livret des catéchètes : « On retrouve dans le baptême les éléments de l’alliance : des partenaires, des engagements et promesses, des signes, des témoins … c’est le moment de donner un certain nombre de renseignements sur le baptême ». Sur la base de ces maigres mentions on reste sur sa faim quant à l’articulation théologique entre l’aventure d’Abraham et celle de la foi chrétienne.

IV – L’objectif de la catéchèse : changer son regard sur la réalité et sur Dieu

Notre parcours à travers la production récente de matériel catéchétique de la SED pour les enfants de 7 à 11 ans montre, à l’évidence, l’importance de la tâche accomplie en dix ans. Après la crise culturelle de la transmission des années soixante à soixante-dix qui avait même conduit la SED à suspendre sa production en 1978, cette tâche a consisté à reconstruire un propos catéchétique protestant cohérent aux plans théologique, pédagogique et ecclésiologique sur la base d’un texte d’orientations communes (TOC) des Églises et d’un cadre global de production biblique et thématique. Depuis 1989 la SED dispose de ces outils et surtout s’est entourée de théologiennes et de théologiens compétents permanents ou non pour mettre en oeuvre un tel programme. Il est même étonnant, sachant les moyens modestes dont elle dispose, qu’elle soit arrivée à un tel résultat.

Des problèmes demeurent cependant, mais il s’agit en fait de problèmes constitutifs de la tâche théologique qui résonnent peut-être plus vigoureusement dans le champ catéchétique que dans d’autres. Relevons essentiellement celui de la transmission de l’évangile autour de la question narratologique et celui du lien entre l’AT et le NT autour de la question christologique. Nous les avons déjà largement évoqués et si nous y revenons en conclusion c’est pour indiquer, dans la ligne rédactionnelle de cette chronique, deux derniers matériels pédagogiques édités par la SED qui traitent ces deux problèmes :

  • La question narratologique est reprise dans un petit ouvrage de Marguerite Rosenstiehl et Hélène Zuber, Raconter la Bible . Sérieusement informées des fondements de l’analyse narrative, les auteurs s’adressent aux catéchètes qui veulent raconter la Bible en restant fidèles au texte et à son message, problématique qui est également celle des traducteurs et des prédicateurs. Les auteurs tentent de surmonter les hésitations de certains catéchètes à se lancer dans une aventure analogue à celle du conte en leur proposant une méthode simple d’analyse d’un texte biblique et de mise en récit d’une narration. En outre, les auteurs posent une question rarement traitée et source d’ambiguïtés chez les catéchètes habitués à faire jouer et paraphraser les textes bibliques par les enfants (les fameuses saynètes bibliques !). Y a-t-il des différences entre les récits bibliques et les contes profanes ? La principale se trouve dans le fait que le récit biblique raconte l’histoire des relations d’un peuple avec son Dieu dans lequel ce Dieu et son envoyé, Jésus, occupent une place tout à fait particulière, respectivement comme destinateur et comme sujet selon la terminologie de Greimas. Or, Dieu et Jésus en tant que personnages (ou actants) peuvent-ils faire l’objet d’un processus d’identification de la part de l’auditeur, processus qui est une des clés et l’une des forces de la narration ? Narrativement pourquoi pas, mais théologiquement cela pose problème, et l’on peut dire qu’aucun récit biblique n’ouvre cette voie délibérément sauf pour la tourner en dérision (se prendre pour Dieu !) ou la condamner comme idolâtre (se faire comme Dieu !). C’est ici que mise en récit et théologie se rejoignent et que le message évangélique (ou l’objet) détermine incontestablement, quoique non systématiquement, le déroulement d’un récit : les personnages que les auteurs bibliques placent au centre d’un récit n’ont en fait qu’une seule fonction : faire découvrir qui est Dieu et/ou Jésus. Cette affirmation nous ramène au problème théologique fondamental, celui de la christologie.
  • Ce problème est abordé dans un matériel intitulé Change ton regard. Des paraboles de l’Ancien et du Nouveau Testament (1995). Il n’est pas forcément conçu pour la mise en oeuvre d’un programme suivi mais comme complément d’un programme en cours ou comme contenu d’un temps catéchétique fort (week-end, camp, etc). Ce qui retiendra notre attention ici, c’est que ce dossier s’intéresse à un genre littéraire narratif utilisé par Jésus lui-même – mais pas seulement par lui -, la parabole, et qu’il favorise un regard nouveau sur des situations de vie et de mort. Une seule parabole est tirée de l’AT, celle de Jg 8/8-15 dite des arbres qui se cherchent un roi, racontée par Yotham fils de Gédéon. Cette mention suffit pour inscrire l’AT dans un genre littéraire qu’on attribue un peu trop facilement au NT et plus particulièrement aux Évangiles. La parabole est donc un langage imagé traditionnel mais, selon les auteurs du dossier, c’est son lien indirect avec le thème de l’imminence du Royaume de Dieu réactualisé par Jésus qui a pour effet de transformer le regard de ses auditeurs sur le sujet qu’elle aborde. Prenons l’exemple de la parabole des invités au festin selon la version de Luc. Élian Cuvillier, un des auteurs des notes bibliques, indique que cette parabole fonctionne sur le registre de l’insolite et de l’extravagant. Se référant au contexte familier d’un banquet qui exalte le bonheur de ceux qui prendront un tel repas dans le Royaume, la parabole renverse toutes les représentations sociales, culturelles, morales et religieuses traditionnelles de ce bonheur : malgré la récusation des riches invités, le banquet prévu aura lieu tout de même et tout de suite ; il n’y a donc aucune condition pour y participer, même pas le fait d’être pauvre. Changement de regard sur un événement initialement conçu et vécu comme gratifiant qui ne sera ni un repas de gala pour bienfaiteurs ni un repas de solidarité pour les exclus, mais un repas gracieusement offert à qui est prêt à le prendre sur le champ. C’est donc une parabole de l’irruption du règne de Dieu qui s’est approché dans la parole de Jésus. On ne peut dissocier les deux propositions, la seconde constituant la réinterprétation de la première. Sans cette clé herméneutique christique, la parabole des invités au festin n’aurait plus aucune signification : d’insolite et extravagante elle deviendrait insensée et absurde. Or conduire à une telle impasse n’est pas le but de la catéchèse chrétienne, Au contraire, sans prétendre enseigner Dieu ni transmettre la foi en Lui, la catéchèse chrétienne de type luthéro-réformé s’attache, pour l’essentiel de sa mission, à inviter les enfants des écoles bibliques à découvrir les figures bibliques, récits et symboles le concernant. C’est sur ces bases que, dans la catéchèse, les adolescents seront invités à réviser leurs positions vis-à-vis de Dieu et à découvrir leur identité chrétienne d’adultes.

Notes

 

J.-F. ZORN, « Un mouvement catéchétique contemporain : les Écoles du Dimanche » Études Théologiques et Religieuses, 71, 1996/3, p. 379-400.

1 Pour une présentation factuelle du matériel catéchétique de la SED, cf son Catalogueannuel, disponible sur simple demande à son siège, 15 rue de Buci, 75006 Paris.

2 Traditionnellement la catéchèse des adolescents revient aux pasteurs ; ce n’est que récemment que la SED s’est lancée dans la production de matériel catéchétique pour adolescents. Quant à la catéchèse de la petite enfance (âge préscolaire), c’est encore plus récemment que la SED s’y est intéressée.

3 « Un mouvement catéchétique contemporain », art. cit., p. 397s.

4 « Des orientations communes pour la catéchèse », Journal des Écoles du Dimanche, n° spécial, mars-mai 1989-1990, p. 11-24.

5 Cf Gérard DELTEIL, « Les déplacements de la catéchèse », ETR, 54, 1979/1, p. 31-40 ; Herrade MEHL, « Tendances actuelles de la catéchèse protestante et valeurs de la vie quotidienne », RHPR, 62, 1982/2, p. 141-150.

6 Olivier PIGEAUD, « Les fondements d’une catéchèse protestante », in : Geoffroy DE TURCKHEIM et al., En compagnie de beaucoup d’autres, Paris : Les Bergers et les Mages, 1997, p. 199.

7 Marguerite ROSENSTHIEL – Isabelle PARLIER – Isabelle MARC (dir.), Jean Baptiste et Jésus, Paris : SED, 1991, p. 7. Sonia ARNOUX – Jean HADEY – M. ROSENSTHIEL, Exode … exodes, Paris : SED, 1992, p. 8. M. ROSENSTHIEL – J. HADEY (dir.), Jésus en question. Des témoignages rapportés par Marc, Paris : SED, 19921, p. 6.

8 Christiane DIETERLé – Denis MANGADO, « La catéchèse », Rapport au 81e synode national de l’ERF (Nantes, 12-15 mai 1988), Paris : ERF, p. 266-267.

9 D. MANGADO, « Notre catéchèse cinq ans après », Rapport au 87e synode national de l’ERF, (Montpellier, 12-15 mai 1994), p. 356-357.

10 Jésus, en question, op. cit., p. 85. C’est nous qui soulignons.

11 La SED s’est associée à un organisme protestant de catéchèse par l’audiovisuel Meromedia productrice d’une série de cassettes vidéo sur Exode … exodes. Trois existent aujourd’hui. Mais l’articulation de ce support audiovisuel avec le support écrit n’est guère expliquée, les cassettes venant en quelque sorte illustrer le propos catéchétique écrit et oral, ce qui n’est pas le meilleur parti pris pédagogique …

12 S. ARNOUX, Jésus en question, Livret enfants (1996) ; Livret du catéchète (19972), Paris : SED.

13 S. ARNOUX, Exode … exodes, Livret enfants, Paris : SED, 1995, p. I.

14 Ibid., p. II.

15 Exode … exodes, Livret du catéchète, op. cit., p. 145.

16 Cf Daniel MARGUERAT – Yvan BOURQUIN, Pour lire les récits bibliques,Paris/Genève/Montréal : Cerf/Labor et Fides/Novalis, 1998, p. 180.

17 S. ARNOUX – J. HADEY – M. ROSENSTHIEL, Espérer en exil, Introduction d’Olivier Pigeaud, président de la SED, Paris : SED, 1993, p. 5.

18 Ibid., p. 9.

19 Ibid., p. P-4.

20 Ibid., p. P-6.

21 Ibid., p. P-3.

22 Maurice BAUMANN, Jésus à 15 ans. Didactique du catéchisme des adolescents, Genève : Labor et Fides, 1993, p. 21.

23 Pierre-Luigi DUBIED, « L’expérience en catéchèse », Cahier de l’IRP, 1994, n° 20, p. 7.

24 S. ARNOUX , Jésus en question. Des témoignages rapportés par Marc, Paris : SED, Dossier enfants, 1996, Dossier du catéchète, 19972.

25 Cf M. BAUMANN, op. cit., p. 29-33.

26 Signalons seulement un exemple recueilli dans les introductions respectives des deux dossiers successifs pour catéchètes. Dans la version de 1992 on peut lire ceci : « La démarche ne vise jamais à induire une image déterminée de Jésus. Il s’agit beaucoup plus de « provoquer » les enfants à dire leurs étonnements, leurs questions, leurs désaccords, et à les laisser s’exprimer eux-mêmes par rapport à ce Jésus qui leur est présenté » (p. 19). Ce passage est ainsi complété dans la version de 1997 : « Ils mettent ainsi en place une relation personnelle avec lui, comme des personnages rencontrés » (p. 6).

27 S. ARNOUX , op. cit., p. 8.

28 Ibid., p. 11.

29 Signalons qu’en 1992 la SED a coédité avec la Société Biblique Française une sélection en français fondamental de vingt textes des Évangiles illustrés et intitulés : Quatre pour un. Matthieu, Marc, Luc et Jean annoncent Jésus-Christ. Dans l’avertissement « à nos jeunes lecteurs », les auteurs (non indiqués …) écrivent : « Tu découvriras que Matthieu, Marc, Luc et Jean parlent de Jésus de manière différente. Ce sont quatre témoins de quelque chose qui s’est passé il y a près de 2000 ans. On parle de Jésus-Christ encore aujourd’hui. Le jour où tu voudras en savoir plus, tu chercheras dans une grande Bible ».

30 Cadre global de production biblique et thématique, Document SED-Département Enfants, dactylographié, février 1992, 8 p.

31 Ibid., p. 4.

32 Trois cassettes vidéo produite par Meromedia en collaboration avec la SED viennent compléter ce matériel : Noël (1997), Pâques (1998), Pentecôte-Ascension (1998). Leur fil conducteur est une petite fille, Juliette, qui mène une enquête sur la signification des fêtes. Par ailleurs la SED a édité en 1996 un dossier intitulé Clés pour ouvrir la Bible à 7 ans. Paysages, personnages, traditions. Noël-Épiphanie. Auteurs : M. ROSENSTHIELet Christine WAGNER.

33 M. ROSENSTHIEL – Corinne LANOIR et al., La vie en fêtes. I : Noël, Livret du catéchète, Paris : SED, 1997, p. 5.

34 À signaler, en complément de cette série sur les fêtes et les rites, l’excellent petit ouvrage Dieu pleure avec nous de Marie-Hélène et Pascal GEOFFROY, Isabelle MARC, Paris : SED, 1995. Il se présente comme un livre à offrir et à lire aux enfants qui vivent un décès ou qui se posent des questions sur la mort et l’après-mort. Une partie de l’ouvrage est destinée aux adultes, les aidant à formuler simplement des paroles de deuil et d’espérance.

35 Ibid., p. 19.

36 La vie en fêtes. I : Noël, Dossier enfants, Paris : SED, 1997, p. 2a.

37 J. HADEY – M. ROSENSTHIEL, Une nouvelle étoile … pour quel roi ?, Paris : SED, 1994.

38 S. ARNOUX, Une nouvelle étoile … qui est ce roi ? Paris : SED, 1996.

39 J. HADEY – Francis GROB et al., Vois la vie. Évangile de Jean, Paris : SED, 1996, Livret du catéchète et Livret enfants.

40 S. ARNOUX – D. MARGUERAT et al., L’Église en actes, Paris : SED, 1996, Livret du catéchète et Livret enfants.

41 Cadre global … op. cit., p. 4. En revanche, deux dossiers de la SED pour adolescents sont conçus autour d’une épître de Paul et de son ministère missionnaire. Il s’agit d’Isabelle DENTAN – Titia KOEN – Marie-Hélène LUIGGI – Martine MILLET, Des amis pour l’évangile, sur l’épître aux Philippiens (1995) et de T. KOEN (dir.), L’évangile du routard (1999). Nous présenterons ces dossiers dans une chronoique ultérieure.

42 Primo GIRONI, « L’utilisation des textes pauliniens dans la catéchèse paroissiale italienne »,Lumen Vitae, 52, 1997/3, p. 321-328.

43 Cadre global … op. cit., p. 5.

44 Un dossier sur le thème Rois et prophètes est en préparation et sortira dans le courant de 2000.

45 S. ARNOUX – J. HADEY – M. ROSENSTHIEL, Exode … exodes, op. cit., p. 18. Reprise de manière analogue dans Espérer en exil, op. cit., p. 7. Les deux dossiers sont conçus par la même équipe du Département Enfants de la SED.

46 S. ARNOUX , Exode … exodes, op. cit., Livret enfants, p. 41s.

47 Op. cit., p. 7.

48 Ibid., p. P-38. Les caractères gras sont dans le texte du livret.

49 S. ARNOUX – P. ROLLIN, À l’image de Dieu, Paris : SED, 1995.

50 Ibid., Dossier du catéchète, p. 55.

51 M. ROSENSTHIEL – Dany NOCQUET, L’aventure d’Abraham. Dieu fait route avec nous,Paris : SED, 1996. Livret du catéchète et Livret enfants.

52 Ibid., p. 7.

53 L’aventure d’Abraham. Dieu fait route avec nous, op. cit., Livret enfants, p. 16.

54 Ibid., Livret du catéchète, p. 54 et Livret enfants, p. 26.

55 Sur la situation de la SED dans les années soixante-dix, cf J.-F. ZORN, art. cit., p. 396.

56 Paris : SED, 19961, Paris : Cerf, 19972.

57 M. ROSENSTHIEL – Corina COMBET-GALLAND – Élian CUVILLIER – O. PIGEAUD – P. ROLLIN, Change ton regard. Des paraboles de l’Ancien et du Nouveau Testament, Paris : SED, 1995. Livret du catéchète et Livret enfants.

p. 103-119

Auteur

ZORN Jean-François
Jean-François ZORN est professeur émérite d’histoire du christianisme à l’époque contemporaine à l’Institut Protestant de Théologie, Faculté de Montpellier.