Montpellier, le 22 novembre 2024
Chères lectrices, chers lecteurs,
L’année s’achève avec un numéro thématique plusieurs fois annoncé et plusieurs fois reporté, consacré aux relations contrastées entre la Bible, la littérature et la psychanalyse. Ce numéro, issu des travaux d’un séminaire à la faculté de théologie protestante de Montpellier, illustre, d’une part, le lien qui unit la revue à son institution de rattachement depuis 1926 et, d’autre part, la fécondité, pour la théologie, d’une démarche interdisciplinaire qu’appelait de ses vœux le professeur André Arnal (1871-1944), alors secrétaire de rédaction, dans son éditorial rédigé pour le tout premier numéro1.
La «nouvelle revue» se fixait, en effet, un double objectif: renouer avec une publication théologique interrompue par la Première Guerre mondiale et ouvrir le plus largement possible le champ de ses domaines d’études afin de permettre à la théologie de demeurer en phase avec l’actualité scientifique et les débats intellectuels du temps. Pour ce faire furent convoquées, outre les disciplines traditionnelles de la théologie (exégèse et dogmatique), nombre de disciplines de frappe récente : psychologie religieuse, sociologie, philosophie des sciences, histoire des religions, étude des croyances, des mythes et des cultures, littérature… tout cela dans une orientation résolument œcuménique car « les choses protestantes ne sont qu’environ la moitié des choses religieuses et une bien plus faible fraction des choses humaines ». Le professeur Arnal écrivait encore :
Il est possible de progresser intellectuellement aussi bien que pratiquement ; la foi qui est pour notre vie une lumière et une certitude ne devient pas subitement, inévitablement hésitation et pénombre en se posant devant notre esprit. Les Études n’auraient pas de raison d’être sans cet axiome fondamental ; aux Études nous sommes convaincus de la valeur religieuse et de la nécessité spirituelle des études. Ces problèmes, ceux qui sont aux alentours des croyances essentielles comme ceux qui d’aplomb portent sur elles, seront examinés avec d’autant plus de liberté, d’indépendance, que la foi réfléchie, la foi raisonnée, la foi qui satisfait aux exigences de la pensée logique est une forme supérieure, c’est-à-dire une forme plus complète de la foi. Dieu a fait l’homme pensée et cœur tout ensemble, et le Christ a voulu que le vrai culte vienne des profondeurs de l’être où l’être est un, que le véritable amour soit le plein épanouissement de la pensée en même temps que la floraison merveilleuse du cœur. Pascal a écrit : « Travaillons à bien penser, voilà le principe de la morale ». Nous transposerions volontiers la phrase célèbre et dirions : « Travaillons à bien penser, […] voilà le principe de la théologie ». Aider au développement de la pensée religieuse, aider à faire croître le goût, le désir, la soif d’une doctrine claire, cohérente, positive, aider à l’effort constructif est le but même auquel nous consacrons les études et qui nous paraît, soit dans les milieux théologiques, soit au sein des Églises, éminemment digne d’être voulu.
À l’orée de l’année 2025, qui verra la parution de son tome 100, souhaitons que ces mots, qui n’ont pas pris une ride, continuent de fixer le cap de la revue pour les années, les décennies, le siècle peut-être, à venir. Longue vie à ETR ! Et merci pour votre soutien fidèle.
Guilhen Antier
Directeur de la publication
Abonnement 2025 : France : 43 €. Étranger : 55 €. Soutien : 70 €. Institutions : 80 €.